XTC

Up!
Avril 1999

X Q U I S E S    E X T A S E S

PARTONS DE L'HYPOTHÈSE SAUGRENUE QUE CONNAISSEZ À PEINE L'EXISTENCE D'XTC ET, SURTOUT, QUE VOIS N'ARRIVEZ PAS À METTRE LA MAIN SUR LA MUSIQUE QU'ILS PROPOSENT DEPUIS 1978. . .


La première chose à savoir est que leur dernier concert remonte à 1982, année épouvantable pour Andy puisqu'il contracta une hépatite virale en plein Paris («cela me réveille encore parfois en pleine nuit»), qui le cloua sur place et l'obligea à quitter la scène le concert à peine commencé, au grand dam d'une assitance gelée et impatiente. . .

N O    R E G R E T S

Apparement, cela ne leur manque pas le moins du monde («sauf parfois, quand j'ai trop bu, je me dis qu'après tout, ce serait peut-être chouette de recommencer tout ce cirque. . . et j'ai tout oublié le lendemain !») et ils préfèrent se concentreur sur leur minutieux travail de studio, ce en quoi on peut les comparer aux Beach Boys de la grande époque, celle durant laquelle Brian Wilson écrivait encore toutes ces chansons magnifiques, mais refusait de les interpréter en concert, car il commençait déjà, d'un point de vue psychologique, à sérieusement se dégrader . . .

Ces enregistrements calfeutrés et prolongés, bien à l'abri du monde extérieur pendant de longues semaines, les incitent à sortir des disques de plus en plus sophistiqués, comme Apple Venus Volume 1, dernière production en date, parsemée de plein de délicieuses petites choses, comme ces cordes discrètes mais efficaces, ces guitares acoustiques pas si désuètes que certains veulent bien le soud-entendre, ces effets sonores tels que gouttes d'eau, vent qui souffle, etc . . . Méfiez-vois, ce disque ne paye pas de mine, mais il est redoutablement addictif («si vous l'écoutez plus de cinq ou six fois, il deviendra votre XTC favori jusqu'au dernier de vos jours», dixit Mr Partridge) à la manière d'une drogue douce mais devenue indispensable . . . Écoutez de façon prolongée «River Of Orchids», «Your Dictionary» ou encore l'évanescent «The Last Balloon», et l'accoutumance s'intallera sans que vous vous en rendiez compte !

Curieusement, Andy et Colin n'ont pas une haute estime pour les classiques qui, pourtant, leur assurent une adoration indéfectible de la part de toute personne sensible au genre pop rock archi-mélodique, avec chansons qui s'installent durablement sur le bulbe rachidien et refrains facilement mémorisables. Ainsi, ils considèrent Black Sea comme un fatras sonore indescriptable, son prédécesseur Drums And Wires (celui qui contient leur plus gros hit à ce jour, le tube planétaire "Making Plans For Nigel") loin d'être abouti, détestent franchement les deux premiers ("surtout GO 2", précise Mr Moulding, "il n'y a guère que «Battery Bride» digne d'être sauvé de ce naufrage musical !"), sont à peine plus indulgents pour English Settlement, pourant chef-d'oeuvres et pierre angulaire d'une certaine idée du rock britannique. Les bougres commencent à se dérider quand on leur parle de Big Express, l'album le plus couillu du lot et le préféré d'Andy («j'adore tout particulièrement le titre «I Bought Myself A Liar Bird», que j'ai écrit sur notre manager de l'époque»), conservent une tendresse toute particulière pour Skylarking («travailler avec Todd Rundgren reste l'un des meilleurs moments de ma carrière», confie Andy). Ils deviennent franchement chaleureux pour Oranges And Lemons et Nonsuch, les deux opus précédents. . .

I M M O R T A L S

L'autre particularité de ce groupe décidément pas comme les autres est de s'être mis en grève sauvage pour cause de désaccord profond avec Virgin, leur label de l'époque, que Partridge continue à détester de toutes ses fibres : "Je crois bien que si je n'avais pas réussi, finalement, à casser ce stupide contrat qui nois liait à ces chiens galeux, je serais devenu vraiment très très méchant et j'aurais tout cassé dans le bureau !"

1999 : XTC est toujours debout et prête une oreille assez attentive à certains de leurs confrères : "J'aime beaucoup Blur et Menswear", dit Andy, "même si les premiers ont un mal fou à se libérer d'influences vraiment trop évidentes, mais je dois bien avouer que la plupart des formations actuellement en compétition me laissent perplexes. . . "Pour ma part", reprend Colin, "je préfère des chose un peu plus dures comme Therapy? ou mieux encore, Pavement, groupe étrange qui ne vient de nulle part et qui ne va nulle part en particulier. J'aurais tendance à être plus indulgent qu'Andy concernant les groupes du moment : beaucoup ont un réel potentiel qui a bien du mal à faire surface, mais cela viendra. . ."

Interrogés sur la quasiment inexplicable longévité de leur groupe, alors que tout concorderait à les faire disparaître dans l'oubli le plus définitif, la paire s'accorde à dire qu'eux-mêmes ne comprennent pas vraiment pourquoi ils sont toujours aussi présents dans le coeur et la collection de disques de leurs fans : "Je pense que nos chansons sont beaucoup plus grandes que nous et qu'elles sont devenues, en quelque sorte, nécessaires à l'équilibre psychique de tout un tas de gens", avance Andy. "Nous ne sommes pas magiques, loin de là, mais certaines de nos compositions le sont devenues par la force des choses et surtout par l'absence de concurrence digne de ce nom (rires) ! Combien d'albums sont mis sure le marché alors qu'ils sont complètement bâclés, on se fout ouvertement de la gueule de l'acheteur ! Nous passons beaucoup trop de temps en studio, c'est vrai, mais au moins, personne ne pourra nous reprocher de léser nos auditeurs. Le fait de ne plus nous produire en concert nous a rendus perfectionnistes au-delà de toute limite, un peu comme si nous voulions compenser notre absence scénique par des disques de plus en plus léchés. À moins que nous ne soyons tout simplement cinglés, va savoir. . ."

Il existe des albums live potentiels dignes de ce nom, autres que les BBC sessions qui ne calment pas suffisamment la faim de l'amateur en mal d'interprétations différents. "Nous y pensons parfois", confie Andy, "mais le problème est que nous ne sommes pas vraiment satisfaits par les kilomètres de bandes que nous avons enregistré dans le late 70s et les early 80s ! Il faudra bien que nous sortions quelque chose comme un double CD live un de ces jours, mais rien ne presse vraiment. Pour patienter, je conseillerai aux plus enragés et aux plus fortunés de nos fans (quoique cet objet ne soit pas vendu bien char !) de se précipiter sur le quadruple coffret qui vient juste de sortir, Transistor Blast. Cet ensemble contient deux CD de sessions studio et deux autres d'extraits de concerts enregistrés entre 1979 et 1982, soit de quoi patienter sans problème en attendant la suite de événements. . ."


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[Thanks to Frédéric Solans]