XTC in the Press: 1978


Rock'n'roll Musique
n°12
1978

NON! XTC
N'EST
PAS PUNK!

Après Boomtown Rats, superbes d'énergie et possesseurs d'un métier surprenant, nous nous demandions si les concerts d'XTC et de Talking Heads n'allaient pas nous paraîtres un peu pâles... Nous ne connaissions d'XTC que deux simples (« Science-Friction » et « Statue of Liberty ») et l'album de Talking Heads nous prévenait de ce que nous allions entendre...

XTC d'abord, c'est très difficile pour un groupe quasiment inconnu d'imposer son répertoire, et ces quatre kids s'en tirèrent fort bien. Le public, ce soir-là, était l'un des meilleurs qu'on puisse souhaiter, la « frime » devait sévir du côté de chez Gordon... Ils nous proposèrent (ils nous assaillirent, devrions-nous dire, tant le volume était au maximum, ce qui n'est pas très évident pour une salle comme celle du Ba-Ta-Clan), une musique rude, d'une violence glaciale, maîtrisée avec une intelligence rare, où l'orgue a una grande importance, nous rappelant parfois les envolées magiques de la défunte roxy musique, parfois les Stranglers. Pas ou peu de solo, le guitariste Andy Partridge jouant le plus souvent en rythmique, l'utilisation des vocaux est assez surprenante, voire originale. Leur premier LP, intitulé « White Music » définit avec exactitude ce que nous avons écouté. Les musiciens, de par leur côté statique, accentuent cette impression de froideur qui transparaît à chacun de leur morceau.

Attention ! par froideur, il faut comprendre que chaque titre semble conçu d'une manière clinique, réfléchie, qui n'exclut cependant pas l'énergie, et la salle qui balançait timidement au début du set, ne s'y est pas trompée, au bout de la six ou septième song, elle pogotait furieusement et fit un rappel des plus mérités à ce groupe dont l'ambition évidente est d'apporter sa contribution à une certaine musique expérimantale et ils ne manquent pas d'idées... « Spinning top », « New town animal in a bird cage » nous présagent un album des plus intéressants.

Ils nous gratifièrent d'une version très personnelle du « All along watchtower » du grand Dylan, et bien sûr, ils conclûrant cet excellent concert par « Science-Friction », leur classique (cet intro !).

Ils ont répondu avec une extrême gentillesse à nos questions...

RNRM : — « Science-Friction », votre premier simple a eu un impact assez important en Angleterre, où l'on vous voit jouer dans de nombreux clubs, par contre, ici, on vous connaît assez mal, alors, question banale, quelle est la composition du groupe et d'où venez-vous ?

Andy : — Well... à la guitare et au chant, Andy Partridge, Colin Moulding à la basse, Barry Andrews aux claviers et enfin Terry Chambers à la batterie. Depuis 4 ans, Colin, Terry et moi, nous avons joué dans divers groupes, dont « Helium Kidz », nous avons toujours eu un maximum de problèmes : notre musique a toujours été sensiblement la même, mais n'avons jamais joué ce qu'il fallait quand il fallait. Toutes nos tentatives précédentes pour sortir des disques ont avorté : à une époque, on est descendu tellement bas, qu'on s'était donné une image « New York Dolls » avec des fringues insensées ! Tout est OK maintenant, Virgin et XTC nous ont redonné du plomb dans les veines ! Barry est dans le groupe depuis un an et il n'est pas étranger à cette énergie que nous possédons actuellement.

RNRM — Vous considérez-vous comme faisant partie de le New Wave ?

Andy : — Non ! Le groupe n'est pas punk ! Et nous n'avons presque rien à voir avec la Nouvèlle Vague. Notre esprit est essentiellement musical. En fait, nous ne sommes pas toujours très bien accepté par un public qui ve voir Damned. Nos chansons sont pour la moins particulières et assez déroutantes. Nous venons de Swindon, une ville complètement morte, peu de gens nous ont connu avant « Science-Friction » et ceux qui viennent à nos concerts ne savent pas à quoi s'en tenir. Ce soir ce fut OK.

RNRM — Il est en effet difficile de vous situer musicalement, si tant est que ce soit nécesseire.

Andy : — C'est une règle mathématique, XTC, c'est une certaine compétence musicale + le désir d'être connus, célèbres (!). Des kids, qui viennent nous voir, certains la comprennent, d'autres repartent déçus. Nous ne fréquentons pas les punks. Nous aimons beaucoup Talking Heads mais — fort heureusement — ils ne sont pas punks.

Barry — Notre musique, c'est parfois du « Dub Reggae », parfois de la poussière, parfois enfin, du Sang !

Andy : — La plupart des groupes ont tendance à imposer certaines conceptions extra-musicales aux gosses, d'autres les abrutissent avec des fadaises asexuées. Dans les deux cas le public est écrasé. Nous essayons de créer des trous, des « vides » dans chaque chanson afin que ceux-ci soient remplis par l'imagination des gens. Nous voulons arriver, à ce que le public puisse créer lui-même aussi bien au niveau musical, rythmique que spirituel.

XTC, fut un excellent prélude au groupe qui allait suivre : Talking Heads, ces deux groupes semblent avoir une démarche parallèle. C'était leur deuxième concert parisien, il fut, pour beaucoup, nettement plus intéressant, plus hargneux surtout.

Talking Heads, qu'on peut rapprocher, de par l'esprit, à un groupe comme Television, est à la recherche d'une identité musicale, à ce propos, leur premier LP « 1977 », si merveilleux soit-il, n'évite pas certaines redites, et l'on peut reprocher à la voix de David Byrne d'étre totalement en dehors de la musique proposée, à tel point que celà en devient parfois génant. Sur scéne, cependant, cette voix s'intègre beaucoup mieux à une musique jouée très fort.

C'est là, que nous comprenons, que Talking Heads est complètement étranger à tout ce qu'on prétend punk ou new wave, ils sont la continuation d'une certaine tradition pop, à la recherche d'ambiances de climat musicaux, c'est la seule intellectualité qu'on peut leur trouver.

Ils nous ont joué la majorité de leur premier album d'une façon magistrale, et nous avons pu écouter les meilleurs titres de Talking Heads, « Love goes to building on fire », « Uh Oh love comes to town »... XTC, sont même venus les rejoindre pour deux titres « Psychokiller » et « No compassion ». Démentiel, c'est le seul qualificatif mérité.

Même si cela en dérange quelques uns, (n'est-ce pas monsieur Alexis ?), Talking Heads, a su s'imposer, et ce de la plus belle manière qui soit. Le prochain album de ce merveilleux groupe devrait être produit par Eno, ce qui nous promet de bien belles choses...

T.V. Dolls & Robert Schlochkoff

[Thanks to 45vinylvidivici]


3D EP — XTC — Virgin (UK) 18813

Some bands take the low road, but Virgin has started XTC off in Abbey Road, under the guidance of John Leckie (co-producer of Be-Bop Deluxe); their first release is a 12" three-song affair. “Science Friction” is nothing to write home about, despite featuring the first genuine punk synthesiser solo. But “She's So Square” explores the possibilities of punk-with-keyboards to an interesting end, while the lopsided lope of “Dance Band” carries a dementoid view of life with a band to an amusingly cross-eyed conclusion. XTC have more credibility as punks than Ultravox (and loads more energy), and appear to be on to something. They, too, are a band to watch.

TROUSER PRESS/January 1978

[Thanks to Scott Nuckles]


Best
Juillet 1978

XTC ETC.
XTC: « Juste de la musique moderne »
XTC était supposé jouer à Paris au cours d'une mini-tournée européenne, mais, comme si le public français était submergé de concerts de grande qualité, il a fait la fine bouche et le show a été annulé. Je leur rendis tout de même visite dans un hôtel de Pigalle ; visite au cours de laquelle Andy Partridge, Colin Moulding, Barry Andrews et Terry Chambers m'apprirent que leur dernier album « White Music » avait assez bien marché en Angleterre, qu'ils avaient des projets précis pour un second album, et que... « ...nous nous sentons beaucoup plus proches de la scene européenne qu'américaine ; des gens comme David Bowie, Kraftwerk ou Can sont en avance sur Talking heads et tous ces groupes néanmoins très bons. Nous avons ajouté un point d'interrogation après le titre de notre dernier simple (« This is pop ? ») car nous voulons que les gens se posent la question ; nous voulons créer l'ambiguïté dans notre musique. Nous se sommes pas des scientifiques punk comme Devo, nous jouons juste de la musique moderne (surtout pas de labels style « power pop » qui a été décrite comme inhérente à la « art school vein » bien qu'avant de jouer nous étions chômeurs, plongeurs... « Statue of liberty » ? C'est une chanson d'amour... avec une femme typiquement américaine ; « Neon shuffle » ? Une danse comme le « Mashed potatoes » ou l'« autostopping » ; rien à voir avec l'idée originale ; « I'm bugged » ? (you all look like insects...) car quand le public se pointait avec des lunettes noires, on avait l'impression de jouer pour une bande d'insectes. On tourne la vie en dérision ? Peut-être ; la bétise sûrement » (Gille Riberolles)

[Thanks to 45vinylvidivici]


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9 March 2013